Révéler la biodiversité cachée du sol

Pourtant juste sous nos pieds, le sol reste délaissé par les grands programmes de conservation ou de suivi. Or, sa biodiversité donne le tournis : sous un m² de sol, on peut compter des centaines d’individus de la macrofaune (lombrics, etc.), des milliers de la mésofaune (collemboles, etc.) et des millions de la microfaune (protozoaires, etc.). La densité de bactéries dépasse quant à elle le milliard d’individus par m². Au final, on dénombre autant d’êtres vivants dans une cuillère à café de sol que d’humains sur Terre ! Les difficultés d’observation rendent cette richesse encore trop peu connue, alors qu’elle est essentielle au maintien de nombreux services, comme la fertilité des sols, la régulation du cycle de l’eau ou la lutte contre l’érosion.

La densité de bactéries dépasse quant à elle le milliard d’individus par m2. Au final, on dénombre autant d’êtres vivants dans une cuillère à café de sol que d’humains sur Terre !

Fortement menacée par les impacts des activités humaines et le changement climatique, qui entraînent des conséquences potentiellement désastreuses pour l’Homme, cette fragile biodiversité doit être étudiée urgemment.

RENDRE VISIBLE L’INVISIBLE

Afin de quantifier efficacement ces impacts sur la biodiversité cachée du sol, de nouvelles méthodes d’inventaire basées sur l’ADNe ont été mises au point au cours des dernières années. De nombreuses études portées par des membres de Vigilife utilisent cette technologie pour étudier la biodiversité des sols à travers le monde. Elles ont ainsi permis de démontrer que l’ADNe peut être utilisé en remplacement de relevés plus traditionnels (sur les plantes, lombrics, etc.), pour comprendre comment différents groupes trophiques interagissent entre eux le long de gradients environnementaux (champignons parasites ou symbiotiques, prédateurs, etc.), et quels groupes, s’ils venaient à disparaître, impacteraient le plus le fonctionnement et la résilience d’un écosystème.

VERS UNE ÉTUDE INÉDITE DES SOLS DU MONDE

Il n’existe aujourd’hui aucun réseau de surveillance qui s’intéresse à l’ensemble de la biodiversité du sol à l’échelle mondiale. Différentes initiatives ont vu le jour au cours des dernières années, mais celles-ci ne prenaient en compte qu’un nombre restreint de sites et se focalisaient uniquement sur des taxons pour lesquels des spécialistes étaient disponibles. Un projet pilote de suivi de la biodiversité globale du sol par l’ADNe est actuellement en cours dans les Alpes françaises. Il sera déployé à partir de 2021 à l’international au travers de Vigilife, afin de suivre efficacement l’effet des changements globaux sur la biodiversité et d’identifier les pratiques de gestion et de conservation des sols les plus durables.